18 avril 2024, 02:35 AM

Éliminer les préjugés contre les personnes qui se représentent elles-mêmes devant les tribunaux

 

 

 

Le préjugé contre les personnes qui choisissent de se représenter elles-mêmes dans les salles d’audience publiques existe en contradiction directe avec la décision de la Cour suprême ayant déclaré que tout le monde a le droit constitutionnel de procéder sans avocat. Le raisonnement qui sous-tend cette décision est fondé sur le principe selon lequel la Constitution exige que notre système judiciaire soit neutre à l’égard des plaideurs qui se représentent eux-mêmes. En d’autres termes, les tribunaux devraient offrir un traitement égal face aux personnes représentées et non représentées.

 

Les palais de justice sont peu amicaux envers les consommateurs

 

Pour voir comment les tribunaux s’opposent aux personnes qui choisissent de se représenter elles-mêmes, jetons un coup d’œil à quelques-unes des réalités quotidiennes auxquelles sont confrontés les plaideurs qui ont choisi de se débrouiller seuls.

 

– Le jargon juridique règne. Le jargon juridique, qui est presque universellement parlé dans les palais de justice, sert inutilement à embrouiller tous ceux qui n’ont pas fait d’études de droit.

– Les indications sont inexistantes. Dans la plupart des institutions publiques, les visiteurs sont régulièrement accueillis par des affichages expliquant comment se déplacer. Le fait qu’elles soient absentes dans la plupart des palais de justice en dit long sur le degré d’accueil du public.

– Les non-avocats sont étiquetés. Les personnes qui se présentent dans un palais de justice sans avocat sont souvent étiquetées (en latin, bien sûr) comme des plaideurs “pro per” ou “pro se”. Comme c’est souvent le cas avec les étiquettes attribuées par des initiés à un groupe d’étrangers, ces descriptions servent à mettre en évidence un profond parti pris institutionnel. 

Les exigences procédurales sont byzantines. Une fois dans la salle d’audience, les règles compliquées de procédure et de preuve dont certaines remontent au Moyen Âge représentent d’énormes obstacles inutiles pour les non-initiés. 

Les juges peuvent être hostiles. Les juges et le personnel des salles d’audience ne sont pas rarement impolis et condescendants envers les non-juristes. Cela se produit assez souvent pour que l’on soupçonne qu’ils n’ont aucune idée de la profondeur ou des conséquences négatives de leurs préjugés. Pour ne prendre qu’un exemple, dans la plupart des tribunaux, les affaires impliquant des non-juristes sont automatiquement examinées à la fin de la journée.

 

Les non-juristes détruisent-ils le système juridique ?

 

De nombreux avocats défendent le statu quo dans les tribunaux en suivant ces lignes.

“Dans une société litigieuse compliquée, les lois et les procédures juridiques sont nécessairement complexes, de sorte que les procédures judiciaires apparemment opaques reflètent simplement cette complexité et non un parti pris contre les non-juristes.”

Il y a une part de vérité dans ce point de vue. Mais tant que les avocats insisteront pour “saisir” des biens au lieu de les “prendre en vertu d’une ordonnance du tribunal” ou pour fournir des services juridiques “pro bono” au lieu de “gratuits”, on peut être pardonné de conclure qu’au fond, les avocats ont peu d’intérêt à travailler pour simplifier raisonnablement un système inutilement baroque.

 

Reconnaître les préjugés pour les éliminer

 

Comme pour les autres formes de préjugés, la première véritable étape pour éliminer les préjugés contre les non-juristes est de reconnaître qu’ils existent. La meilleure façon pour un avocat de comprendre les barrières injustes placées sur le chemin du plaideur qui se représente lui-même est d’en devenir un. C’est une expérience que j’ai vécue dans une procédure civile il y a plusieurs années, lorsque j’ai dû comparaître en mon propre nom sans révéler que j’avais un diplôme en droit. Avant même que le juge n’examine mes documents ou ne sache ce que j’essayais d’accomplir (et si j’étais sur la bonne voie pour le faire), il m’a dit qu’il était sûr que je ne pouvais pas traiter l’affaire moi-même de manière compétente sans avocat. Lorsque j’ai poliment campé sur mes positions, le juge a poursuivi en m’avertissant que je serais tenu strictement responsable de me conformer méticuleusement à chaque règle du tribunal (règles que, soit dit en passant, j’ai vu la plupart des avocats présents ce jour-là ignorer allègrement).